Jim Verburg
Within and Without
Du 20 octobre au 17 décembre 2022
La Galerie Nicolas Robert est heureuse de présenter Within and Without, une exposition unique en deux parties présentée simultanément à la Galerie Nicolas Robert à Montréal et Zalucky Contemporary à Toronto. Jim Verburg propose une nouvelle série d’œuvres dont les nombreuses couches révèlent une subtile géométrie, une profondeur lumineuse et la nature mouvante de la perspective.
Faire l’expérience du travail de Jim Verburg, c’est d’abord se demander ce que l’on regarde. Personnellement, c’est un objet de son passé qui m’aide à répondre à cette question; un petit cube de bois, possiblement de design scandinave, rescapé d’une vente de garage chez sa mère. Est-ce un presse-papier? Qu’est-ce que c’est? Je me demande si cet objet particulier, une sorte de totem érodé par les eaux, éveille chez lui une résonance somatique. « Dans un lointain souvenir, je regarde fixement une chandelle et ce cube; l’idée d’aller au ciel me troublait – aucun changement, aucune saison, du pareil au même pour toujours –, je me rappelle l’angoisse que j’ai ressentie. » Verburg a grandi au sein de l’Église réformée néerlandaise. Dès l’âge de cinq ou six ans, il est entré en opposition avec la rigidité de la religion institutionnalisée. Le cube incarnant lui aussi une sorte d’antagonisme (envers le décor des années 1980 de la maison d’enfance de l’artiste), il s’est fait le lieu de réflexions silencieuses. Verburg cite ce cube parmi ses sources d’inspiration pour Within and Without. Dans les moments difficiles, suggère-t-il, il est générateur de focaliser son attention sur la chose la plus simple et porteuse de sens qui soit.
Les œuvres de grand format sont composées de carrés colorés peints sur tarlatan, une toile de coton ajourée et apprêtée. À l’intérieur du cadre, des formes géométriques se superposent dans une variété de couleurs et de tonalités – rouge, jaune et orangé ; gris pâle et foncé ; turquoise, vert et bleu. Ces tableaux, que Verburg surnomme « les choses fantômatiques », revisitent l’état de conscience aiguë catalysé par l’interaction entre le cube et la lueur de la flamme. De leur chimie visuelle intrinsèque émergent des frontières brouillées. Selon la façon dont les formes sont superposées – de la plus petite à la plus grande ou vice versa –, on a l’impression d’un mouvement vers l’intérieur ou l’extérieur. En songeant à ces œuvres, je me rappelle une citation recueillie dans les notes de Verburg, tirée de In Love with the World: A Monk’s Journey Through the Bardos of Living and Dying par Yongey Mingyur Rinpoche : « [Les étapes de la vie] n’ont pas de limites ou de frontières nettes, aucune fin et aucun commencement. Tout émerge, change, se transforme, apparait et disparait continuellement. » Verburg s’en inspire et émet même « l’idée d’une personne, d’une âme, composée de nombreuses couches : vivantes et respirantes ; inspirées et inspirantes ; irradiantes et changeantes. »
Une subtile complexité n’est pas toujours photogénique. Le capteur d’un appareil photo, étant dramatiquement moins sophistiqué que l’œil humain, fige l’action des œuvres de Verburg, cristallise ses bordures – provoquant d’inévitables références à Josef Albers – et tait ce qui semble être le bourdonnement visuel des frontières mouvantes de la perception humaine. Dans un marché publicitaire dominé par Instagram, il est audacieux de produire des œuvres qui ne peuvent être pleinement appréciées qu’en personne. Cela a quelque chose d’émouvant. Sans s’encombrer de nostalgie, le travail de Verburg me ramène continuellement au présent. C’est un geste de bonté, un geste généreux, qui offre à l’imagination une structure humanisante.
Estomper des formes simples crée chez Verburg un « vide » qu’il considère comme générateur; c’est pour lui une sorte de maison spirituelle. Ce vide, tel qu’il le décrit, n’est pas un trou noir, mais plutôt une clé : un état de réceptivité active à la nuance. « Je crois, dit-il, que la vie est un voyage qui nous mène, ou nous ramène, à un état de réceptivité et d’ouverture. » Avec Within and Without, Jim Verburg nous invite chaleureusement à le suivre dans ce périple.
- Texte par Ada Wolters, traduction vers le Français par Charlotte Lalou Rousseau
L'artiste tient à souligner le généreux soutien financier du Conseil des Arts du Canada, l'aide continue de Laine Groeneweg, la collaboration inestimable avec les encadreurs Superframe et The Gilder, et le partenariat à vie avec Ryan Crouchman, sans qui la réalisation de ce travail ne serait possible.
[1] Traduction libre du texte de Ada Wolters.