Kelly Jazvac
Le désir et le matriarcat

Du 27 février au 5 avril 2025

La Galerie Nicolas Robert a le plaisir de présenter Le désir et le matriarcat, une exposition solo de Kelly Jazvac.

Cette exposition s’appuie sur une année de recherches approfondies portant sur la complexité matérielle des plastiques, ainsi que sur les alternatives non toxiques et les visions du monde susceptibles de les soutenir. Un thème récurrent de cette recherche est la remise en question des structures sociales et économiques dominantes, centrées sur la hiérarchie, le pouvoir et l’extractivisme, qui freinent l’émergence d’une réelle durabilité environnementale. Quelles alternatives pourraient se dessiner ? Par exemple, des modèles plus matriarcaux, fondés sur la réciprocité, la réparation, la régénération cyclique et la générosité, pourraient se substituer aux systèmes de domination actuels.

Les effets néfastes du capitalisme patriarcal se manifestent parfois de manière très concrète. Par exemple, l’histoire de la régulation des produits chimiques aux États-Unis illustre ce phénomène : le Toxic Substances Control Act (TSCA) de 1976 a autorisé 62 000 substances chimiques sans tests préalables, en dépit de leur danger potentiel pour les êtres vivants et les écosystèmes. Des substances telles que l’amiante, le plomb ou le mercure ont été jugées sûres dans le but de protéger les profits de l’industrie. Par ailleurs, les nouveaux produits chimiques, similaires à ceux déjà autorisés, pouvaient être homologués sans évaluation supplémentaire. Dans cette logique, le PVC, un plastique cancérigène et perturbateur endocrinien, est encore fabriqué et vendu, mettant en péril la santé publique et l’environnement.

Le désir et le matriarcat est une installation artistique composée de bannières publicitaires en plastique récupérées dans les rues de Soho, à New York. Ces matériaux sont réassemblés et combinés à des éléments non toxiques. Des images de modèles allongés sur des lits sont réinterprétées, abstraites et réorientées. Elles sont accompagnées de sculptures et d’objets trouvés évoquant des thèmes comme l’agentivité féminine, la subsistance, la collectivité et la réciprocité, dans un futur marqué par la contamination et la marchandisation.

L’artiste tient à remercier Tegan Moore, Théo Bignon, Liz Xu, Chris Latchem, Alexandra Bachmayer, Neil Klassen, Scott Osborne, Allison Mears, le Healthy Materials Lab, l’Atelier LUMA, Daniel Finkelstein Shapiro, Zoë Heyn-Jones, Raiz Arquitectura, Colectivo Mezquite, Rancho Mastatal, Kirsty Robertson, le Conseil des arts et des lettres du Québec, le Synthetic Collective et Elizabeth Jazvac.

À travers ses œuvres, Kelly Jazvac examine les liens entre le plastique, le consumérisme, les écosystèmes, l’empathie et l’indifférence. Elle est également cofondatrice du Synthetic Collective, un groupe de recherche interdisciplinaire sur la pollution plastique, composé de scientifiques, d’artistes et de chercheurs en sciences humaines. Ce collectif influence grandement sa pratique artistique. Ses œuvres ont été exposées dans des institutions telles que le Museum of Modern Art (New York), le Musée d’art contemporain de Montréal, le Eli and Edyth Broad Museum (East Lansing), le Ujazdowski Castle CCA (Varsovie) et FIERMAN Gallery (New York). Son travail a fait l'objet d'articles dans National Geographic, e-flux Journal, Hyperallergic, Art Forum, The New Yorker, Canadian Art Magazine et The Brooklyn Rail. Ses recherches croisant art et science ont été publiées dans des revues scientifiques comme Nature Reviews, GSA Today et Science of the Total Environment. Kelly Jazvac vit et travaille à Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal, où elle est professeure agrégée en arts visuels à l’Université Concordia.

Les œuvres de cette exposition s’inspirent d’une année de recherches variées. Celles-ci ont inclus la collecte de déchets dans le quartier de SOHO à New York lors d’une résidence du Conseil des arts et des lettres du Québec, ainsi que des prélèvements de pollution plastique industrielle dans les Grands Lacs avec ses collaborateurs scientifiques et artistiques. Kelly Jazvac a également mené des études au Healthy Materials Lab de la Parsons School of Design, exploré le bioregionalisme à l’Atelier LUMA en Arles, et collaboré avec le Synthetic Collective, le Centre for Sustainable Curating et le Sustainable Institution. Enfin, ses recherches se poursuivent avec l’Instituto de Biotecnología de l’Universidad Nacional Autónoma de México et incluent des explorations en bioconstruction.