Malcolm McCormick
K Enters the Castle At Last

Du 30 mai au 6 juillet 2024

La Galerie Nicolas Robert a le plaisir de présenter K Enters the Castle At Last, une exposition individuelle de Malcolm McCormick. L'exposition consiste en des peintures abstraites à la fois nuancées et évocatrices qui se caractérisent par une palette sobre, souvent monochrome, et des compositions structurelles uniques. Dans l’exposition inaugurale de l’artiste à la galerie, la simplicité trompeuse des œuvres dissimule des couches d'histoire, de temps et d'espace, et souligne le penchant ludique, tout en retenue, de l'artiste.

Au cœur de la pratique de McCormick, il y a interaction entre le rôle d'une peinture en tant qu'image et sa présence tangible en tant qu'objet. Ses peintures composites, construites d’au moins deux panneaux par œuvre singulière, intègrent des éléments de formalisme et de sculpture pour examiner la relation entre la représentation visuelle et l'espace tridimensionnel d'une peinture. L'artiste accorde une attention méticuleuse aux aspects formels de ses œuvres. Chaque fragment de panneau est façonné avec précision pour s'imbriquer dans les autres pièces composites, formant des lignes et des courbes nettes qui affectent la composition picturale de la peinture.

Les monochromes en blanc, bleu clair et rose pâle établissent une atmosphère feutrée. Ils sont parsemés de verts vibrants et de jaunes acides, formant une palette de couleurs dynamique. Sur la toile, la peinture est superposée en couches, créant parfois une couleur opaque et uniforme, tandis qu'à d'autres moments, la surface peinte est sélectivement essuyée, produisant de subtils tons boueux dont la qualité silencieuse est troublante. Collectivement, les peintures dégagent une ambiance nostalgique qui évoque une sorte d'optimisme teinté de mélancolie. Leur disposition est quant à elle spécifique à l'architecture de la galerie. Chaque couleur, forme et structure est tangentielle à la suivante, mais chacune offre une proposition différente. Ensemble, elles créent un rythme unique ponctué par l'expérience visuelle.

Au-delà de leurs qualités formelles, chaque peinture est chargée de signification et de référents qui invitent à une contemplation plus approfondie. Certaines œuvres sont ornées de formes disparates et de motifs peints ou façonnés à même leurs structures. Bien qu'ils ne soient pas toujours facilement reconnaissables, ces formes et ces motifs sont tirés du lexique en constante expansion de McCormick, empruntés à l'histoire de la peinture moderniste. Ce processus est semblable à celui du collage. À bien des égards, l'approche avec laquelle l’artiste pratique la peinture abstraite implique l'assemblage de différentes peintures, méthodes et références, résultant en des formes hybrides qui inspirent à leur tour de nouvelles associations.

Le titre évocateur de l'exposition, emprunté à une peinture de l'artiste américain R.B. Kitaj, fait lumière sur l'approche stratifiée de l'artiste en matière de processus artistique. Dans K Enters the Castle at Last (2004), Kitaj a représenté le protagoniste "K" du roman de Franz Kafka, Le Château (1926), tel qu’entrant enfin dans le complexe fortifié, un exploit qui ne s'est pourtant jamais produit dans l'œuvre originale et inachevée de Kafka. L’architecture du château, que Kitaj a peint sous forme de tracés isométriques, est reproduite dans la peinture Kitaj's Room (2023–2024) de McCormick en tant que composition structurellement tangible. Ces dimensions spatiales et sculpturales accentuent la notion de portail suggéré par la composition de l’œuvre, invitant les observateur-ices à s'aventurer dans son royaume.

Le titre de l'exposition inspire de nombreuses interprétations. Par exemple, le récit de Kafka portant sur l'anticipation, la distraction et le décalage, ainsi que la résolution proposée par Kitaj, peuvent servir de métaphore possible en ce qui à trait au processus de peindre. Le titre peut servir de point de vue pour encadrer l'expérience du spectateur. C'est une invitation à une nouvelle phase, capturant un sentiment universel qui se prête à des allusions perpétuelles. Le Château pourrait symboliser la peinture, la galerie, ou, comme le suggère Kafka, une idée abstraite de structure et d'ordre. K est une autre variable. K pourrait être Kafka, ou Kitaj. K pourrait aussi être le public faisant la rencontre de ce corpus, ou plus probablement, K pourrait être l'artiste découvrant un nouveau sentiment de confiance au regard de sa pratique.

Texte par Hanss Lujan Torres
Traduction par Laur P


Malcolm McCormick vit et travaille à Montréal. Il est titulaire d'une maîtrise en beaux-arts de l'Université Concordia et d'un baccalauréat en beaux-arts de l'Université de la Colombie-Britannique - Okanagan. Ses expositions récentes comprennent Les plus beaux cauchemars / Cruel to Be Kind (Le Livart, 2023), Le printemps du MAC (2023), et no order (Joe Project, 2023).