Mitch Mitchell
Dust is Black
5 novembre au 24 décembre 2016
Fait à partir de papier, la rouille, le feu et le temps, l’œuvre majeure la plus récente de Mitch Mitchell s’échine par l’entremise de matériaux des plus démocratiques, voire élémentaires. Motivé par la main-d’œuvre, le travail acharné et une discipline presque militariste, Mitchell traite depuis longtemps des questions de dur labeur et de production, de l’environnement, ainsi que l’histoire de la gravure. Un graveur par formation, son travail depuis cinq ans s’est réorienté en une présentation sculpturale et même performative, explorant des thèmes moins axés sur le général en faveur d’un thème narratif plus personnel : l’histoire de sa famille. Pourtant cette histoire, quoique personnelle, implique les principes fondamentaux de notre humanité commune.
L’histoire que façonne l’œuvre trouve ses racines chez le grand-père de Mitch Mitchell, qui a servi au cours de la Seconde Guerre mondiale en tant que technicien radariste. Avec l’accent sur les répercussions de cette expérience, les œuvres examinent la suite de la guerre sur les plans global, local, et personnel parmi sa propre famille. Claude T. Mitchell fût muté aux Îles Aléoutiennes de l’Alaska pendant la Seconde Guerre mondiale où, suivant un « blip » sur son écran radar, il devint le premier témoin de l’explosion atomique à Hiroshima. La guerre eu un profond impact sur le grand-père de Mitchell comme sur bien d’autres et, au bout du compte, sur l’artiste lui-même. Les séquelles subies par son grand-père suivant ce témoignage de la mort « d’une ampleur incommensurable et inhumaine » - tel que décrit par le conservateur William Bird à l’artiste lorsqu’il apprît l’histoire - continuaient de marquer son âme. Selon une vieille expression, « work the devil out » (« sortir le diable du corps »), Claude T. Mitchell retourna dans l’état d’Illinois pour travailler dans les mines de charbon. C’est là qu’il espérait conjurer ses démons de la guerre. La famille de Mitchell n’était pas au courant de l’historique de guerre du grand-père lorsqu’il était vivant, puisque son dossier fût rendu public seulement après sa mort. Mitch Mitchell avait 15 ans lorsque sa grand-mère révéla le rôle du grand-père dans le bombardement d’Hiroshima, une histoire qu’il digère et explore depuis. Les œuvres présentées ici répondent à cette histoire et à la propre façon de l’artiste de conjurer ces démons.
Extrait du texte écrit par Sarah Fillmore
Conservatrice en chef, Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse