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Pierre Julien
Leave all gates as found

11 juillet au 22 août 2020

La Galerie Nicolas Robert est fière de présenter Leave all gates as found, la septième exposition de Pierre Julien en ses murs. Dans cette nouvelle série, les compositions forment des jeux d’équilibre. Alors que les blocs de matière diffuse érigent la colonne en motif récurrent, des arcades futuristes se dressent en contrepoint de volumes, peut-être ouverts et sans limites, peut-être enclos dans une géométrie précise. 

L’ambiguïté de la frontière naît des stries qui la parcourent. Leur application par aérosol dissipe la main de l’artiste pour faire place à un geste instinctif. Explorant encore une fois les phénomènes rétiniens, Pierre Julien travaille la couleur avec des accords inusités et la répétition de formes pour provoquer un effet de push and pull qui anime le regard.

La perception de profondeur est omniprésente. La voûte se fait volatile, débordante, étourdie ; écho d’un ciel insondable. En son centre, des blocs vides se plaquent sur la rétine, activant la construction d’un espace fictif. Ces carrés flottants ne sont pas sans rappeler le travail de Peter Halley. L’aplat, évoquant tour à tour l’écran, une percée à travers les nuages ou l’accès à un réseau de corridors et connexions, est pourtant opaque. Chez Pierre Julien, ce sont les masses alentour qui provoquent l’impression de porosité et créent un jeu d’opposition cognitif et visuel. Peut-on à la fois se tenir devant le portail et en avoir franchi le seuil ? 

L’injonction du titre requérant de laisser toute porte comme on l’a trouvée se rapporte au code de bienséance en zone rurale. On peut y lire une méditation sur la fluidité et le mouvement en lien aux impératifs civilisationnels de l’organisation sociale, de l’évolution et du progrès. On peut également y lire une mise en garde. Sur la toile, la richesse de l’ensemble nous pousse à plonger, mais elle génère aussi un certain inconfort. Parfois, l’attraction — le caractère inarrêtable d’un élan — a quelque chose de menaçant. Ici, selon la perspective adoptée, toute alerte est futile. Il est trop tard pour refuser un passage lorsqu’on l’a déjà entamé.

Texte par Jonathan Bernier